Le plan de sauvetage de la SNCF par l'Etat fait l'unanimité contre lui
Le président Jean Bergougnoux place les syndicats devant leurs responsabilités |
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Au cinquième jour de la grève des cheminots, le ministre des Transports, Bernard Pons, a lancé hier son plan de sauvetage de plus de 100 milliards de F sur cinq ans pour la SNCF. Mais à peine annoncé, ce plan a été accueilli défavorablement à la fois par les syndicats et les marchés financiers, et ce pour des raisons inverses. Les premiers l'estiment insuffisant et prédisent qu'il se traduira par des réductions d'effectifs et des hausses de ta- rifs. Quant aux marchés, s'ils estiment que le gouvernement a raison de lier l'aide de l'Etat aux résultats de l'entreprise, ils notent que le pouvoir commence à relacher sa pression et cherchent à tonnaître ce qu'il a obtenu en contrepartie... Plombée par une dette de plus de 175 milliards de F, qui représente trois fois ses recettes annuelles, la SNCF doit sortir du rouge dès 1997, après un déficit de 12 milliards de F cette année, selon le contrat de Plan (1996-2000), qui sera signé prochainement entre la direction et le gouvernement. Rentabilité d'abord Pour remettre la SNCF sur les rails, Bernard Pons a proposé un plan en deux temps. Dès 1996, I'Etat prendra à sa charge 37 milliards de francs de dettes de la SNCF qui correspondent aux déficits accumulés depuis 1990. Pour le second volet de son plan de sauvetage, le gouvernement a mis la balle dans le camp de la SNCF, en liant son aide à l'amélioration de la rentabilité de l'entreprise. Pour chaque franc de redressement du résultat d'exploitation, I'Etat allégera les charges financières de la SNCF d'autant, un franc. L'Etat pousse aussi la SNCF à se désengager de ses activités annexes. Pour chaque franc de plus-value de cession, il reprendra un franc de la dette de l'entreprise. |
Au total le second volet du plan de sauvetage pourra porter sur plus de 100 milliards de F sur les 5 ans du contrat de plan. A l'issue d'une quatrième table ronde infructueuse avec le président de la SNCF, les syndicats des cheminots (CGT, CFDT, FO, CFTC, FMC et CFE-CGC) ont indiqué hier soir qu'ils << nepeuvent que rendre un avis négatif sur le contenu du projet de contrat de plan >> et << exigent le maintien intégral du régime spécial de retraites et de prévoyance >>. De son caté, Jean Bergougnoux a estimé qu'il appartenait maintenant << aux organisations syndicales deprendre leur responsabilité, notamment vis-d-vis du mouvement social qui paralyse le pays >>. << J'ai expliqué à mes interlocuteurs que dans l'état actuel de la nation et certes face à une situation préoccupante de l'entreprise, ce qu'a fait l'Etat était tout à fait considérable >>, a-t-il dit. Le président, qui reverra les syndicats, aujourd'hui, dans le cadre d'un comité central d'entreprise, a indiqué qu'il allait immédiatement s'adresser personnellement par lettre à tous les cheminots pour leur expliquer que << nous n'avons pas le droit de gâcher la chance qui nous est offerte en décevant les usagers, nos clients et nos concitoyens >>. Le président de la SNCF, qui a souligné que le mouvement de grève de ces cinq derniers jours était essentiellement un << rassemblement d'inquiétudes >>, a indiqué que cette action coûtait chaque jour environ 100 millions de francs à la SNCF. |
<< Mais ces pertes, a-t-il dit, sont peu de choses à
côté du gâchis que cela entraîne pour le pays >>.
Dans le même temps, dans les rues de Paris, plus de 60 000 manifestants défilaient pour la Sécurité sociale, sous les couleurs des syndicats FO et CGT. A cette occasion, les secrétaires généraux des deux organisations, Marc Blondel et Louis Viannet, ont échangé une poignée de mains quasi-historique. Une fois de plus, la gr&egrace;ve contre la réforme de la Sécurité sociale et des régimes spéciaux de retraite a plongé les transports dans une nouvelle journée noire. Et ce mouvement entamé vendredi va connaître des prolongements aussi durs aujourd'hui. La direction régionale de la SNCF, à Montpellier, a d'ailleurs annoncé qu'aucun train - TGV, TER, trains intermédiaires cars - ne circulera dans tout le sud-est. Le mouvement est également suivi dans la majeure partie des régions se France. Discorde syndicale A Paris, lors de la manifestation d'hier, Marc Blondel et Louis Viannet ont défilé au premier rang du carré de tête. Derrière une banderole << contre le plan Juppé >>, sans sigle syndical, défilaient de gros bataillons de fonctionnaires, policiers, infirmières, cheminots en grève, mais aussi des salariés du privé venus de toute la France. La secrétaire générale de la CFDT a été d'ailleurs une des cibles des autres manifestants dont plusieurs ont demandé le << retrait du plan Juppé-Notat >> Mais Nicole Notat a répliqué hier en fin de journée, en s'en prenant directement à Marc Blondel et Louis Viannet : << Blondel et Viannet ont capitulé en rase campagne sur la défense de la Sécurité sociale >>. |