Johnson a un gros problème sur les bras, dit Bouchard

Le rassemblement d'hier représente des subventions de quatre millions que le camp du NON devra selon lui comptabiliser

ISABELLE PARÉ
LE DEVOIR

La "Croisade pour le Canada" n'est rien d'autre qu'une opération politique organisée, dont le "parfum d'illégalité" aura plus d'impact sur les caisses du comité du NON que sur l'intention de vote des Québécois, a déclaré hier le chef bloquiste Lucien Bouchard.
Le leader souverainiste, qui avait jugé la veille l'opération "bidon" et contraire à la loi québécoise sur les consultations populaires, s'est dit inquiet hier de ce que cet événement porte un dur coup aux lois du Québec et à la démocratie-québécoise. "Ces gens ont été avisés [de la loi québécoise], et ils ont passé outre", a dit hier M. Bouchard, commentant la participation à ce rallye.
La loi québécoise interdit à quiconque de consentir des tarifs préférentiels pour favoriser une des deux options référendaires.
Le camp du OUI a même émis hier une hypothèse chiffrant à plus de quatre millions les coûts représentés par les subventions, les rabais, les congés et le transport gratuit offerts par différentes compagnies et organismes aux Canadiens qui ont participé à ce rallye.
"Ça pourrait être plus, ça pourrait etre moins. Mais je pense que M. Johnson a un problème. Ils [forces du NON] ont un très, très gros problème. Ils va devoir comptabiliser ces depenses", a déploré Lucien Bouchard. Le comité du OUI ne songe pas pour autant à contester la légalité du vote de lundi, a-t-il ajouté.
Malgré la bonne foi évidente de plusieurs des participants, le chef bloquiste affirme que pareille démonstration à trois jours du vote laisse perplexe. Ce "geste désespéré", cet élan d'amour "conjoncturel", n'influencera pas le vote des Québécois, ajoute-t-il. En fait, M. Bouchard croit même que cela pourra jouer contre les forces du NON.
"Les Québécois pourraient négativement réagir au fait que des gens, qui n'ont pas le droit de vote ici, tentent de les influencer", croit-il. La plupart des gens ont déjà pris leur décision, et les Québécois savent que si les sondages n'étaient pas aussi serrés, ces gens ne seraient pas à Montréal aujourd'hui."
D'autre part, si Lucien Bouchard ne veut pas commenter son avenir politique en cas d'une victoire du NON, il affirme que les Québécois ne pourront pas compter sur la présence du Bloc québécois à la chambre des Communes à Ottawa s'ils rejettent le projet souverainiste du gouvernement Palizeau.
"Le Bloc québécois aussi aura une décision à prendre. La décison n'est pas prise, mais il n'y a pas de garantie", a tranché M. Bouchard.