29 novembre 1995 - Annonce | Calendrier | Nouvelles | Politique | Social | Sports
PROTOTYPE
Issoire renoue avec sa tradition aéronautique
Vingt ans après la création du dernier avion Wassmer, le Piranha, I'industrie aéronautique issoirienne renaît de ses cendres. Le premier Lionceau d'une portée qui s'annonce prometteuse, d'lssoire.

FORTE d'une tradition aéronautique héritée de Wassmer Aviation la ville d'Issoire s'était, à ia fin des années 70, concentrée sur la sous-traitance. Avec succès certes, et spécialisée dans les matériaux composites.

Mais le monde de la soustraitance aéronautique traverse une zone de turbulences et les marchés sont difficiles à découvrir. Alors, pour s'ouvrir de nouveaux espaces, autant que pour renouer avec une tradition vieille d'un bon demi-siècle, Philippe Moniot a lancé toutes les entreprises de son groupe dans la conception d'un nouvel avion.

Première entreprise à avoir réalisé un avion en matériaux composites, Wassmer Aviation a donc trouvé ses descendants. Lancé il y a deux ans, ce programme de conception a mobilisé le savoir-faire de cinq entreprises (*) pour un résultat prometteur. Le Lionceau, un biplace officiellement appelé FWWMP no l, vient donc de prendre son envol, entraînant dans son sillage les espoirs d'un renouveau industriel.

Pour cela, il a fallu trouver un nouveau matériau tout en fibres de carbone plus léger et plus résistant et mettre au point de nouveaux procédés de fabrication. Des inventions spécifiques, destinées en premier aux écoles de pilotage civiles et militaires, mais qui seront également appliquées à l'activité de sous-traitance pour Ariane ou Airbus.

Nouvesux marchés

" Nous avons conçu le Lionceau pour avoir un produit propre. Il permet d'atteindre le marché des avions-écoles qui s'ouvre en grand. En comparaison c'est comme si les auto-écoles en étaient encore à la Dauphine ! C'est donc un large marché de renouvellement. Cela nous permettra de diminuer notre dépendance par rapport à la sous-traitance, de nous diversifier ". Avec, en prime, un espoir de débouchés importants à l'exportation.

Le premier vol du Lionceau s'est effectué sans probème, sous la conduite de Phillipe Moniot, son concepteur et P-DG des cinq entreprises qui ont contribué à lui donner des alles.

Premier prototype créé à Issoire depuis 20 ans après le Guépard en 1971 et le Piranha en 1975, le Lionceau est un pur produit auvergnat. L'AIA Clermont-Ferrand a concu l'outillage nécessaire à son élaboration Mais surtout, les cinq entreprises de Philippe Moniot ont pris en charge chacune un aspect de sa fabrication: le moulage du fuselage est revenu à la CCA d'Arlanc, le capotage et l'installation du moteur à Airflo, les pièces mécaniques à la T2A de Langeac, le moulage des surfaces portantes à Rex Composites et le moulage des pièces à haute température et l'assemblage final à Issoire-Aviation.

Il faudra encore 15 à 18 mois pour que ce prototype soit certifié par la Direction générale de l'aviation civile et, pour la première fois pour un avion de ce type, par les instances européennes (certification JAR VLA). Après quoi, sa production pourra débuter et de nouvelles versions, notamment celle à quatre places, lancées sur le marché. Et le renouveau tant espéré d'Issoire en tant que constructeur aéronautique sera alors annoncé...

* Les cinq entreprises dirigées par Philippe Moniot sont: Rex Composites et Issoire Aviation à Issoire;Techniques Avancées d'Auvergne à Langeac; Airflo à Sainte-Florine; Concepts Composites Auvergne à Arlanc.
Les régimes spéciaux de retraites en ligne de mire de la réforme
Plus de 4 millions de fonctionnaires civils, militaires, hospitaliers et territoriaux et plus de 600.000 salariés du secteur public (SNCF, EDF-GDF, RATP...) cotisent aux régimes spéciaux et particuliers de retraite que le gouvernement souhaite réformer. Ces régimes qui versent des pensions à plus de 4 millions de retraités ou à leurs veufs ou veuves, vont connaître " une détérioration de leur situation financière immédiate et rapide" s'ils ne se réforment pas, a averti un rapport du Commissaiiat général au Plan publié voici un mois.

Dans ce même rapport sur les " Perspectives à long terme des retraites", Raoul Briet estimait, au contraire que le régime général qui couvre plus de 14 millions de salariés du secteur non-agricoles peut espérer " un quasi-équilibre" d'ici 2005.

Les retraités du secteur public perçoivent généralement une pension unique, alors que pour les salairés du privé relevant du régime général, la retraite est généralement une fusée à trois étages, avec retraite de base, retraite complémentaire obligatoire et partie facultative de la retraite complémentaire.

Le régime spécifique de retraite des plus de 2 millions de fonctionnaires d'Etat et celui des quelque 1,5 million d'agents des collectivités locales seraient particulièrement menacés dès l'an 2000, par une dégradation très importante du rapport entre le nombre de cotisants par rapport à celui des retraités, qui passerait à 1,2 en 2015 contre 3,1 actuellement.

Les fonctionnaires d'Etat civils et militaires peuvent bénéficier d'une retraite à taux plein après 37,5 années de cotisations. Dans ce système spécifique, liée à la conception française de " fonction publique de carrière ~, la pension est un " traitement continué >> découlant de l'activité passée. Les pensions sont revalorisées en même temps que les hausses de " traite- ments >> accordés aux actifs dans les accords dits " sala- riaux >>.

A côté, il existe des régimes spéciaux calqués sur le même modèle, comme la Caisse nationale de retraites des agents des collectivités locales (CNRACL), qui avait enregistré un déficit de 6,5 milliards de francs en 1994.

La hausse de 3,8 % des taux de cotisations employeurs depuis janvier devrait permettre de limiter son déficit à 1,2 milliard en 1995, selon le rapport de la Commission des comptes de la Sécurité sociale. Mais les prévisions du rapport du plan sont très pessimistes à l'horizon 2015.

Au sein du secteur public, la situation de la Caisse de retraite et de prévoyance de la SNCF devrait rester déséquilibrée, selon le Plan. En revanche, le régime d'EDF assure son équilibre sans aide de l'Etat.

Les quelque 70.000 salariés de la RATP cotisent également à une caisse spéciale. L'équilibre du régime est assuré principalement par des cotisations fictives prises en charge par l'employeur. Certaines catégories d'agents peuvent prendre leur retraite dès 50 ans ou 55 ans.

D'autres régimes spéciaux couvrent notamment les mineurs, les marins, les salariés de la Banque de France, ou encore les clercs et employés de notaires, les religieux, les employés de l'Opéra et de la Comédie-Française, ainsi que d'environ 80 collectivités lo- cales en Alsace-Lorraine.

Dans le secteur privé, les salariés agricoles (620.000 cotisants pour 2 millions de retraités) bénéficient par ailleurs d'un régime différent des autres salariés du privé dont 55 % des ressources sont financés par les cotisations, le solde provenant en majeure partie de transferts du régime général.