Barthès <<L'intelligence>>
Alors qu'il s'apprête à réunir quelques unes des meilleures joueuses pour son 9e Trophée, Pierre Barthès livre ses impressions sur un tennis féminin en mutationCe n'est pas pclrce qu'il fut longtemps l'un des maîtres du tennis mondial que Pierre Barthès va rechigner à porter un regard à la fois admiratif et lucide sur le tennis féminin. De toute évidence, la misogynie n'est pas le tort de ce philosophe de la petite balle, qui, non content d'ouvrir chaque année ses courts aux plus grandes championnes, avoue que dans le tennis des temps modernes, I'intelligence est bien féminine. Les stars qu'il a invitées à l'occasion de son neuvième Trophée de la femme, s'évertueront à le montrer de vendredi à dimanche. L'occasion pour Pierre Barthès de nous livrer quelques unes de ses vérités, sur la carrière de Mary Pierce, le talent d'Anke Huber, ou I'évolution d'un tennis féminin revigoré par le grand retour de Monica Seles. * Midi Libre: Est-ce que l'angoisse de l'organisateur, à quelques heures de l'événement, est toujours aussi poignante pour la neuvième édition d'une épreuve désormais bien rôdée ? * Pierre Barthès: C'est toujours beaucoup de stress, parce qu'à notre niveau monter une épreuve d'une telle ampleur c'est une éternelle remise en question. On se sait jamais ce qui peut arriver jusqu'au dernier moment, d'autant qu'ici nous sommes un peu loin de tout. Mais ce qui me réconforte, c'est de voir, à I'heure de la location, que beaucoup de gens reviennent d'une année sur l'autre. Ça doit vouloir dire que nous leur offrons une belle manifestation. * M.L.- C'est ce soucis de fidéliser votre public qui vous amène à faire revenir les mêmes joueuses d'une année sur l'autre ? * P.B.: C'est vrai que le plateau est presque identique à celui de l'an passé. Il y a une complicité, un bon "feeling" qui s'installe entre les championnes et le public, c'est certain. Mais nous ne sommes pas maîtres du planning des joueuses et j'aurais souhaité pour ma part faire venir Graf ou Seles pour compenser le retrait de Martina Navratilova et maintenir l'équilibre entre jeunes et anciennes joueuses. Ça n'a pas pu se faire et heureusement en fin de compte car Monica vient de se blesser. Mais la présence d'lva Majoli, qui va devenir une des meilleures mondiales, ravira le public. * M.L.- Mary Pierce fait presque déjà figure d'"ancienne". Comment analysez-vous sa carrière en dents de scie avec alternance de coups d'éclats, comme en Australie, et de déceptions ? * P.B.: Mary est notre petite Française, mais je me sens obligé d'être difficile avec elle, parce qu'elle possède tout pour devenir numéro un mondiale et qu'il serait trop bête qu'elle passe à côté. Je crois que Mary a un jeu assez stéréotypé qui surprend moins ses adversaires à la longue. Il lui faut donc travailler' sa stratégie et surtout améliorer son mental. Pour arriver au sommet de la pyramide, il ne faut pas faire semblant, mais s'en donner les moyens J'espère qu'au fil des matches elle vieillira bien. * M.L.- Anlke Huber, qui vient de disputer la finale au Master, sera l'une des attractions de ce Trophée. Voyez-vous en elle une future Steffi Graf ? |
Le club de la Principauté n'a plus gagné depuis le 21 octobre dernier
Monaco court après son standingC'est toujours la même histoire : I'effectif monégasque est prometteur sur le papier. Mais c'est en milieu de tableau qu'on retrouve le club. MalaiseD'abord, les chiffres: sept victoires, cinq nuls, sept défaites... Monaco, le chasseur de titres annoncé, n'a pas cassé trois pattes à un canard. Il faut même remonter au 21 octobre dernier, pour trouver trace de son dernier succès. C'était à l'occasion de la venue de Montpellier au stade Louis II, un précieux stadebonbonnière, ouvert à tous les vents cette saison (15 points de perdus !). Puis, les mots (absence de convivialité, de motivation, de mental...) pour décrire les maux endémiques du club de la Principauté. Avec bien évidemment une impression de déjà vu, de déjà entendu. Tant il est vrai que les saisons se suivent (les entraîneurs aussi, quatre l'année dernière) et se ressemblent beaucoup trop pour que l'abcès ne soit que superficiel. << Je n'ai pas la prétenhon d'être supérieur a Arsène Wenger ou à Gérard Banide (deux de ses prédécesseurs, NDLR) ou de disposer d'une baguette magique >>, répète à l'envi Jean Tigana qui, depuis son arrivée l'été dernier au pied du Rocher, a mesuré l'étendue du malaise. << Il est collectif et remonte à quelques années déjà >>. << Mon rôle: trouver des solutions >> Cela n'a pas empêché l'ancien Lyonnais de proposer sa démission, il y a une dizaine de jours, au soir de l'échec contre Lyon (0/2). << Je suis allé trouver le président Jean-Louis Campora, pour lui dire que si le problème c'était ma présence j'étais prêt à m'en aller >>, avaitil alors raconté. La confiance présidentielle renouvelée, l'entraîneur monégasque a retroussé les manches du grand bosseur qu'il est pour essayer de stopper le dégringolade de son équipe. Et ce, contre vents - la nouvelle défaite strasbourgeoise, l'affaire Barthez, les critiques de Boli sur l'ambiance du groupe... - et marées, ramenant cycliquement Rolland Courbis ou un autre sur le banc monégasque. << Je n'ai pas l'intention de fuir mes responsabilités et encore moins de baisser les bras. C'est mon rôle de trouver des solutions >>, affirme-t-il. Déjà, en Alsace, il a ressenti du mieux dans le jeu collectif de ses hommes. Une légère amélioration gachée par une "erreur d'arbitrage" et par les sempiternelles "fautes de débutant" au niveau défensif. Mais la sommes des très riches individualités monégasques aura eu, au moins ce soir-là, le comportement d'un groupe discutant tard dans la nuit du match, de tout et de rien. Une vraie nouveauté. Est-ce là le début de l'amorce de la constitution de l'esprit collectif qui fait tant défaut à Monaco ? Jean Tigana y compte bien un peu. << Qu'ils s'aiment ou qu'ils ne s'aimentpas, ils sont sur le même bateau et, sans une prise de conscience de chacun, nous irons tous à l'échouage... >>. Les montées d'adrénaline des uns ou des autres ne sont certainement pas pour lui déplaire, attestant enfin d'une certaine capacité de réaction. Jusqu'alors, dans l'univers feutré et policé de la Principauté, ces gens-là ne se révoltaient pas. Y compris après la suppression de jours de congé, voire la menace sur les vacances de Noël. Basile Boli a clamé tout haut ce qui se chuchotait tout bas au sujet des clans et Eric Di Meco a transmis son brassard à Claude Puel .(<< s'il y a un ioueur qui symbolise l'esprit club, c'est bien lui. Actuellement, le plus petit détail est important pour nous remettre sur les bons rails >>.) Reste désormais à canaliser toutes ces colères et à fédérer toutes ces forces individuelles car la onzième place est loin d'être à la haulteur du standing de Monaco. Un club désormais condamné à exploser au plan sportif pour rattraper l'Europe. Ou à imploser.
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* P.B.: Sans aller jusque là, j'ai toujours été persuadé qu'Anke arriverait dans le cercle des meilleures joueuses mondiales. Ça fait même un moment qu'elle frappe à la porte des dix meilleures et je suis surpris qu'elle n'ait pas réalisé plus tôt de grandes choses en tournois du Grand Chelem. Elle a 20 ans, de gros moyens physiques et une marge de progression qui peuvent lui laisser beaucoup d'espoirs pour l'avenir. * M.L.- Beaucoup de ces joueuses en devenir basent leur jeu sur la puissance. Peut-on pour autant dire qu'elles se rapprochent des hommes ? * P.B.: Les joueuses d'aujourd'hui sont plus puissantesmais aussi plus complètes parce qu'elles ne peuvent pas faire que des points gagnants. Cela les oblige à développer un jeu de construction pour gagner des points. Les échanges existent donc plus que dans le tennis masculin. Je serais même tenté de dire que le tennis féminin se caractérise aujourd'hui par une plus grande intelligence. |
* M.L.- Est-ce à dire que le tenl~is féminin peut prendre le dessus sur son homologue masculin en terme de notoriété ?
* P.B.: Le tennis féminin a besoin de grandes championnes pour attirer les méslias. Le retour de Monica Seles est en train de lui donner un coup de fouet. En France, I'éclosion de Mary Pierce est aussi un gros avantage. Car pour avoir du grand spectacle, il faut de grandes stars. Il n'est donc pas surprenant de constater que les matches épiques entre Mary Pierce et Arantxa Sanchez à Roland Garros, ont donné lieu à des taux d'écoutes supérieurs à ceux des matches masculins. L'évolution est à suivre de près.
Recueilll par Rlchard GOUGIS |