29 novembre 1995 - Annonce | Calendrier | Nouvelles | Politique | Social | Sports

Le mouvement de grève reconduit aujourd'hui

Transports : une nouvelle journée noire

La grève contre la réforme de la Sécurité sociale et des régimes spéciaux de retraite a plongé les transports dans une nouvelle journée noire, hier, avec un trafic grandes lignes quasiment paralysé et de fortes perturbations dans le métro et les autobus, qui ont provoqué de gros embouteillages autour de Paris et en province.

Le mouvement, entamé vendredi, pourrait connaître des prolongements aussi durs aujourd'hui, I'ampleur du mouvement ayant été déterminée par les assemblées générales des cheminots qui ont suivi la table ronde organisée, hier soir, entre la direction et les syndicats de cheminots sur le contrat de plan. En effet, les fédérations syndicales de cheminots CGT, CFDT, FO, CFTC, FMC et CFE-CGC ont indiqué, hier soir, qu'elles << ne peuvent que rendre une avis négatif sur le contenu du projet de contrat de plan >>, exigeant par ailleurs. << le maintien intégral du régime spécial de retraites et de prévoyance >>.

Le trafic RATP devrait connaître le même sort après la décision des syndicats CGT, CFDT, FO, Autonomes et Indépendants de la régie, hier soir, de reconduire le mouvement de grève sur le réseau métro. RER et autobus pour 24 heures. éventuellement reconductibles.

A la SNCF,de rares trains circulaient sur les grands axes à I'exception de l'Ouest. Le trafic sur le réseau de la banlieue parisienne était inexistant, celui des trains express régionaux, autour des grandes villes de province, était nul ou quasiment nul.

Aucun train dans la région, aujourd'hui

Les cheminots de Midi-Pyrénées, réunis hier en assemblées générales dans les différents dépôts de la région, ont voté la poursuite de la grève pour 24 heures.

Aucun train ne circulera donc dans la région, aujourd'hui, et il n'y aura pas non plus de service de remplacement par autocar, a précisé la direction SNCF de Toulouse. Même reconduction de la grève pour les régions Aquitaine et Languedoc-Roussillon.

Comme la veille, des cheminots grévistes ont renouvelé leurs actions de blocage des postes de contrôle ou des voies, comme à Avignon où ils ont stoppé un TGV durant deux heures. Une << opération escargot >> s'est déroulée entre Belfort et Mulhouse. A Gap, quatre cadres de la SNCF ont été retenus par des cheminots.

Paris au bord de la paralysie

La situation ne s'annonce pas meilleure pour aujourd'hui, dans la plupart des régions. Aucun train ne devrait circuler dans le Sud-Est, le Sud-Ouest, le Poitou-Charentes, la Bretagne, la Bourgogne, I'Auvergne et au départ de Strasbourg.

D'ores et déjà, les Fédérations des usagers des transports (FUT) et l'Association des usagers de l'administration et des services publics (ADUA) ont annoncé leur intention de créer << un comité pour l'indemnisation des victimes de la grève SNCF>>.

Par ailleurs, Ie trafic dans les transports urbains a été fortement perturbé. En région parisienne, la situation s'est sensiblement dégradée tout au long de la journée, au point que la direction de la RATP invitait, dès midi, les usagers à prévoir de rentrer chez eux le plus tôt possible.

Huit lignes de métro et les lignes A et B du RER ont été fermées. Les autres lignes ont fonctionné entre 6 et 80% du service normal. Les autobus étaient quasiment inexistants, avec treize dépôts sur vingt-deux bloqués, tandis que les autres centres fonctionnaient à 5% du service normal.

A Lyon, un quart des lignes d'autobus et de trolleybus était affecté par un allégement des cadences. Aucun bus ne circulait à Bordeaux et à Dijon.

La grève a obligé de nombreux automobilistes à prendre leur voiture, provoquant dans la matinée un total d'environ 400 kilomètres de bouchons autour de Paris et une centaine de kilomètres en province.



Midi-Pyrénées

Un projet pour la << Diagonale continentale >>

Moins de 18 mois après les journées de réflexion du printemps 94 à Toulouse-Labège, les socio-professionnels de la << Diagonale continentale >> ont mis noir sur blanc, vendredi, à Valladolid, une charte fixant le cadre d'une coopération renforcée. << Nous avons réduit la part de l'utopie: la Diagonale continentale avait un visage, elle a désormais un projet >>, souligne Jean-Louis Chauzy.
Quelques-uns des signataires de Valladolid, entourant Jean-Louis Chauzy (au centre) : les présidents Miguel Angel Diaz Pena (Madrid); Juan Cruz Alli Aranguren (Navarre); José Manuel Garcia-Verdugo (Castille/Leon); Santiago Marraco (Aragon).

A charge, maintenant, pour le président du CESR de Midi-Pyrénées et ses homologues espagnols et français, de le défendre auprès des exécutifs régionaux, nationaux et européens. Avant la fin du premier semestre 96. Car les socioprofessionnels n'ont pas l'intention de s'arrêter en si bon chemin: << C'est la première fois, dit encore Jean-Louis Chauzy, que la société civile fait des propositions de coopération interrégionale >>.

L'appel de Valladolid (1) est d'ores et déjà assuré d'un fort écho à Bruxelles: dans un message, Eneko Landaburu, responsable de la politique régionale à la commission européenne, a rappelé l'auelltion qu'il porte à cette initiative.

La balle aux politiques

A l'échelon régional, Jean-Louis Chauzy ne doute pas de l'engagement de Marc Censi: << Il sera notre premier avocat en tant que président de la commission aménagement du territoire au sein du comité des régions d'Europe >>. De fait, si M. Censi, finalement empêché, n'a pu se rendre à un rendez-vous castillan où il était attendu, le président du CESR de Midi-Pyrénées peut se féliciter d'une parfaite identité de vue avec ce dernier. Le 23 novembre, à Toulouse, la contribution régionale au schéma national d'aménagement du territoire prévu par la loi Pasqua n'a-t-elle pas explicitement pris en compte la << Diagonale continentale >> comme << axe de structuration de I'espace européen futur >> ?

Co-signé par le patron de l'exécutif régional et le représentant de l'Etat français, ce document scelle, selon Jean-Louis Chauzy, la reconnaissance officielle de la << Diagonale >>. Elle permet de repositionner Midi-Pyrénées dans un schéma de développement qui lui redonne un premier rôle. On se rappelle qu'elle avait un temps carrément disparu de la distribution: les aménageurs parisiens de la DATAR sortaient des esquisses où le Midi toulousain ne figurait plus qu'en pointillés entre un << arc Atlantique >> très bordelais et un Midi méditerranéen à l'accent de Pagnol forcément prononcé...

Il aura fallu rien moins que le grand débat de 94 sur l'aménagement du territoire pour renvoyer la DATAR à ses études et à ses chantiers. Mais le classement définif de ce << scénario catastrophe >>, qui gommait Midi-Pyrénées des cartes de l'Europe de demain, ne date que de quelques mois. Annonce faite à Toulouse par le ministre balladurien Daniel Hoeffel.

Un espace d'équilibre

Au demeurant, dans l'Europe sans frontières en construction, le risque reste grand d'une concentration accrue des populations et de l'activité économique autour de la zone de prospérité qui va de Londres à Milan. La fameuse << banane bleue >>.

La charte de Valladolid s'en inquiète et préconise d'enrayer un déséquilibre préjudiciable à la << cohésion économique et sociale >> du Vieux continent. Après avoir joué les éclaireurs, les signataires vont pousser les feux. Ils s'appuieront sur la décision prise en mars, à Strasbourg, par les ministres européens en charge des politiques d'aménagement du territoire, d'élaborer un schéma de développement de l'espace communautaire (SDEC) qui, précisément, reconnaît également I'existence de cette << zone sensible des régions continentales de l'intérieur >> qui traverse l'Europe du sud-ouest de la péninsule ibérique au nord-est de I'Allemagne.

Caractérisé par sa faible densité de population (2) ce vaste espace est constitué, dans sa partie sud-ouest, des cinq régions françaises d'Auvergne, Bourgogne, Centre, Limousin et Midi-Pyrénées et, côté espagnol, des régions d'Aragon, des Castilles de la Manche et du León, d'Estramadure, de Madrid, Navarre et La Rioja.

Douze régions dont les socio-professionnels veulent faire le cadre de << nouvelles solidarités >> en recherchant, au delà de leurs handicaps communs, les voies et les moyens d'un projet partagé << pour offrir à l'Europe un nouvel espace d'équilibre et de développement >>.

Jean SAVARIC.

(1) Outre le président Chauzy, la délégatlon toulousaine à Valladolid comprenait : le premier vice-président Pierre Glénat; les président de commissions Jean-Marie Bez (plan et financement), Bernard Gatti (recherche, transfert, innovation, énergie) et Etienne Lapèze (aménagement du territoire); I'universitaire Jean-Raymond Lanot, maître de contérence, chargé des relations transfrontières franco-espagnoles à Toulouse-Le-Mirail

(2) 10% de la population européenne su 20% du territoire continental




Vins du Sud-Ouest

Jean-Lucien Cabirol :
<< Nous devons exporter au Brésil >>


Retour du Brésil, Jean-Lucien Cabirol est plutôt optimiste... pour les vins du sud-ouest. Représentant la France au concours mondial des vins, le docteur ingénieur oenologue de l'école supérieure d'agriculture de Toulouse Purpan, n'a pas manqué de faire la promotion du sud-ouest. Au Brésil, il a notamment rencontré un imponateur de vins Français, qui s'est dit << très intéressé >> par les vins de notre région que lui faisait déguster le toulousain. << Une ou- velture intéressantc quand on sait que nos vins ne sont pas encore référencés au Brésil. A l'association pour la promotion des vins du sud-ouest de jouer >>, dit Jean-Lucien Cabirol.

Les débouchés potentiels sont énormes dans cet immense pays (15 fois la France et 160 millions d'habitants), où la vigne (1) couvre 60.000 hectares, pour une production de 3,5 millions d'hectolitres. Le consommation par habitant n'y atteint pas 2 litres (elle est de 64 litres en France).

De sa visite, Jean-Lucien Cabirol ramène par ailleurs une étude des trois régions viticoles : le sud (raisins de cuve) aux rendements élevés, la région centrale (raisin de table surtout), et le Nordeste, région la plus originale. Proche de l'équateur la vigne du Nordeste produit, tenez-vous bien, trois récoltes par an ! << Ce qui surprend le visiteur c'est cette viticulture tropicale foisonnante, où l'on rencontre les quatre saisons simultanées >>. Mais << un tannat produit à Madiran, n'a rien de commun avec un tannat produit au Brésil >>, juge l'oenologue toulousain. Ce qui laisse, précisément, de beaux jours à nos vins de qualité sud-ouest.

Jean-Lucien Cabirol: << au sud-ouest de jouer >>.

(1) Le vignoble brésilien est planté pour 70% d'hybrides et de cépages américains, et pour 30% de vitis vinifera, en progression.