Dix des joueurs actuels du promu breton évoluaient ensemble en National 1 il y a trois ans.
A mi-parcours exactement de la saison, Guingamp occupe une remarquable cinquième place dans le championnat de France de première division, à neuf points du leader incontesté, le Paris SG, qu'il recevra vendredi prochain, mais à deux points seulement de l'AJ Auxerre, deuxième ex aequo avec le FC Metz.
Une position vraiment étonnante pour ce promu en constant progrès - qui était encore il y a deux ans en National 1 - classé devant des clubs aussi huppés que Nantes, Monaco, Bordeaux ou Lyon.
Fin juin, lors de l'assemblée générale d'En Avant de Guingamp, son président, Bertrand Salomon, se voulait mesuré à la veille de l'accession de son club en Division 1. << Je n'aime pas le mot maintien >>, disait-il en substance. << Je préfère demander à nos joueurs de se classer dans les quinze premiers du championnat >>.
Avec deux accessions consécutives à son actifl I'entraîneur Francis Smerecki peut d'ores et déjà présenter un bilan exceptionnel. Son club ne dispose pourtant pas d'un gros budget (34 MF). Seul, le FC Gueugnon à moins de moyens.
Mais en travaillant sur la continuité - dix éléments de l'effectif actuel évoluaient déjà en National 1 ! -, avec quelques retouches bien senties mais sans recrutement onéreux, I'entraîneur guingampais a pu bâtir aujourd'hui un groupe solide, avec une défense forte, un fond de jeu incontestable et une homogénéité qui ne se dément pas. Guingamp, toujours invaincu à domicile, n'a perdu que trois fois en dix-neuf rencontres.
La vie en rose
<< Avant de songer à l'exploit individuel, il faut passer par des phases collectives >>, avance Francis Smerecki. << Et là dessus, je ne transige pas. A Guingamp, on a construit au fur et à mesure >>.
Le schéma traditionnel en 4-4-2 ne change pas beaucoup. Ce qui permet cette stabilité constatée dans le jeu. << C'est à 80% des cas toujours le même >>, poursuit l'entraîneur guingampais; << j'y tiens fermement. Chacun des joueurs peut avoir ainsi une bonne connaissance de sa zone, tant dans une position d'attaque que de défense. >>
Avant d'accueillir vendredi au stade de Roudourou le Paris SG, les Guingampais voient la vie en rose, mais leur entraîneur évite de s'enflammer et d'évoquer une place pour une éventuelle coupe européenne.
<< Moi, je n'ai toujours qu'un objectif en tête pour le moment, c'est le maintien >>, précise Francis Smerecki. << Après, plus le championnat avancera, mieux on pourra cerner ce que nous sommes capables de faire. >>
Même si la blessure survenue à Fabrice Divert a paru un moment contrarier ses plans, I'entraîneur guingampaus est ravi de pouvoir récupérer Xavier Gravelaine, prêté comme joker pour
sept mois. Si l'ex-Parisien retrouve ses sensations, Guingamp devrait en bénéficier sur le plan offensif. Ce qui signifierait probablement un classement dans le haut du tableau, compte tenu de la sérénité qui se dégage de cette équipe décidément en constant
progrès.
C'est le joker de GuingampGravelaine à la relanceL'attaquant international du Paris-SG, Xavier Gravelaine, a choisi Guingamp, l'étonnant promu breton, où il a été prêté jusqu'à la fin de la saison avec l'espoir de relancer sa carrière. << Gravelaine s'est mis définitivement d'accord lundi soir avec les dirigeants de Guingamp pour un prêt jusqu'à la fin de la saison >>, a indiqué hier matin Jean-Michel Moutier, le directeur sportif du Paris-SG, enprécisant que les trois parties - PSG, Guingamp et le joueur - avaient fait un effort pour le salaire de l'ancien Caennais, estimé aux environs de 400.000 F. mensuels. Aucune d'option d'achat, selon le directeur sportif du PSG, ne figure dans l'accord. Gravelaine (27 ans), qui avait signé pour quatre ans en faveur du Paris-SG en juin 1993, est encore sous contrat jusqu'en juin 1997 avec le club parisien. La saison dernière il avait été prêté à Strasbourg avant de revenir à Paris. Athlétique (1,82 m, 76 kg) et rapide. Gravelaine avait été écarté du groupe parisien en début de saison. Son choix en faveur de Guingamp, dont il est le joker (date-limite le 15 décembre), s'explique par l'indisponibilité de Fabrice Divert et pratiquement l'assurance d'être titulaire. Dans ce club qui n'en finit plus de surprendre, Gravelaine espère relancer une carrière qui a subi un coup d'arrêt depuis son arrivée au Paris-SG. |
Alors Caennais, il s'est révélé le 15 septembre 1992, en réussissant un match exceptionnel, avec deux buts à la clé, en Coupe de l'UEFA face à Saragosse. Appelé en équipe de France le 5 octobre de la même année, le jour de ses 24 ans, Gravelaine (qui compte 4 sélections) n'a toutefois pas confirmé après un fabuleux transfert dans la capitale à la fin de la saison 1992-93.
Artur Jorge, I'entraîneur portugais du PSG à l'époque, I'a en effet confiné au banc de touche. A l'arrivée de Luis Fernandez, Gravelaine a été prêté à Strasbourg. Mais, malgré ses neuf buts en Championnat, le club alsacien n'a pas souhaité l'engager, même pour la campagne européenne après la qualification via la Coupe Intertoto.
De retour au Camp des Loges, David Ginola, son concurrent le plus dangereux sur l'aile gauche, ayant pris le chemin de Newcastle (Angleterre), il postulait pour une place de titulaire. Mais le club parisien a engagé Youri Djorkaeff, le Panaméen Julio Cesar Dely Valdes et surtout Patrice Loko. Pendant un temps, Gravelaine a profité de l'absence de l'ancien Nantais, mais sans s'imposer dans le système parisien, Luis Fernandez le remplaçant même en cours de jeu au cours du match des 16 aller de la Coupe des Coupes à Oslo contre Molde.
Les dirigeants parisiens ont alors tenté de le céder à plusieurs clubs allemands, notamment Moenchengladbach, mais aussi à Marseille et à Metz. Ce sera donc finalement Guingamp où il devrait débuter dès vendredi en Championnat, contre le... Paris-SG.
Le refrain revient à l'occasion de chaque rencontre internationale. Notamment lorsque sonne l'heure des explications, au moment de l'analyse des déboires de nos équipes tricolores. Ainsi, périodiquement, le championnat de l'élite est remis en question. Critiqué sans répit, vilependé parfois, condamné toujours, ce même championnat semble pourtant satisfaire aujourd'hui les présidents de clubs appartenant à l'élite. C'est du moins ce qu'il ressort de la réunion de concertation ou de réflexion tenue samedi à Carcassonne.
<< La Fédération n'impose rien... >> s'empresse de souligner le président fédéral Jean-Paul Ferré. Avant d'ajouter sur sa lancée:
<< Comme par le passé, les élus fédéraux attendent des propositions constructives de la part des clubs de nationale... >>.
Oubliées les déculottées...
A ce train, les membres du comité directeur risquent d'attendre longtemps car quel est le président de club qui va demander une sélection plus poussée, quitte à se trouver écarté de l'élite? Comme ces mêmes présidents ne sont pas prêts à se déchirer, le statu quo leur va très bien. Même si cela va à l'encontre des intérêts de l'équipe de France et de la discipline dans son ensemble...
Dommage, vraiment dommage, car on attendait mieux de la part de ces hommes blessés, comme tout un chacun, par les revers humiliants du XIII de France. On pouvait pourtant penser qu'après les déculottées reçues par le XIII de France en coupe du monde, les présidents de clubs prendraient leurs responsabilités en pensant exclusivement à l'élite, véritable locomotive de la discipline. Erreur de pronostic... L'un d'eux explique toutefois:
<< L'équipe de Paris de la Super League rassemblera nos meilleurs joueurs, ceux qui seront appelés à défendre les couleurs tricolores... >>.
Une vision à court terme et qui n'assure aucune fondation sur l'avenir. Ainsi retrouvera-t-on encore des scores fleuves comme le week-end dernier (trois matches avec un écart supérieur à cinquante points, n'est-ce pas décourageant pour Avignon, Albi et Villefranche de Rouergue?...), des matches à sens unique dénués de tout intérêt sportif.
Un flirt avec le Tour de France cycliste
Pour en revenir à la Super League et à l'équipe du Paris S. G, le projet sera officialisé en fin de semaine, dès-le retour de Jacques Fouroux de Los Angeles. Le Gersois qui participe avec Tas Baitieri à la réunion des pays concernés bénéficiera ou non du feu vert des émissaires de Rupert Murdoch pour lancer cette équipe professionnelle dans la capitale. Prudent dans ses propos, le fondateur de France Rugby League a déjà des assurances toutefois; sous le coude, il posséde le calendrier de la future épreuve, ayant même obtenu deux rendez-vous opportuns dans la capitale: Paris Super League - London Broncos le 14 juillet et Paris Super League - Wigan le dimanche 21 juillet, jour de l'arrivée du Tour de France. Deux rencontres que Jacques Fouroux se fera un plaisir d'officialiser début décembre. En collant à la roue des coureurs du Tour de France l'ancien capitaine du XV de France veut, pour la Super League, un retentissement médiatique aussi conséquent que pour France Rugby League.
Henri ANDRIEU