DOUAI.-Bemard Tapie a visiblement accusé le coup en s'entendant condamner en appel à huit mois de prison ferme dans l'affaire VA-OM, hier à Douai (Nord), mais son avocat a éloigné d'emblée la perspective d'un emprisonnement prochain, en annonçant qu'il "ira bien sûr en cassation".
Jacques Mellick, député-maire de Béthune (Pas-de-Calais), qui n'était pas présent à Douai, a également annoncé, dans un communiqué, qu'il allait se pourvoir en cassation. La cour d'appel de Douai a porté sa condamnation pour subornation de témoin dans la même affaire à un an de prison avec sursis, contre les six mois prononcés en première instance par le tribunal de Béthune. Elle a confirmé ses condamnations à deux ans d'inéligibilité et 15.000 F d'amende.
La cour d'appel a condamné Bernard Tapie à deux ans de prison dont seize mois avec sursis, trois ans d'inéligibilité et 20.000 F d'amende. En première instance, le tribunal de Valenciennes avait condamné l'ex-président de l'OM à deux ans de prison dont un ferme, allant au-delà des réquisitions du procureur Eric de Montgolfier, qui avait réclamé dix-huit mois de prison dont six ferme.
L'ancien président de l'OM avait peut-être conçu quelque espoir d'indulgence quand l'avocat général Luc Frémiot, pourtant connupour sa sévérité et surnommé "double dose" dans les milieux judiciaires, n'avait réclamé contre lui que quatre mois ferme en audience d'appel, le 25 octobre dernier. Mais les magistrats douaisiens, eux aussi, ont alourdi la peine de prison ferme requise, et l'ont assortie en outre de la peine de trois ans d'inéligibilité réclamée par l'avocat général.
Cassation: un délai de huit mois à un an
" Chacun de nous appréciera ce que représentent huit mois de prison ferme par rapport à ce qui était reproché, c'est-à-dire 250.000 F donnés, je confimme et je continue à dire, à mon insu, pour un match de football", a déclaré l'ancien président de l'OM, pâle et la gorge serrée, devant une cohue de journalistes, micros et caméras. La peine de deux ans de prison avec sursis infligée en première instance à Jean-Pierre Bemès, I'ancien directeur général de l'OM, a été ramenée à dix-huit mois, et son amende maintenue à 15.000 F. Il n'ira pas en cassation, a annoncé son avocat, Me Gilbert Collard, qui a qualifié de " juste " la décision de la cour d'appel.
La cour a purement et simplement confimmé les peines de trois mois à un an de prison avec sursis, avec ou sans amende, prononcées en première instance contre les autres prévenus, Jean-Jacques Eydelie, Jorge Burruchaga, ainsi que Christophe Robert et son épouse Marie-Christine.
Me Liénard a précisé qu'il n'était pas question que Bemard Tapie soit envoyé en prison à la suite de l'arrêt de la cour d'appel de Douai. " ll faudra attendre l'arrêt de la cour de cassation ", a-t-il expliqué, estimant à " huit mois à un an " le délai nécessaire aux juges de la Cour de cassation pour instruire le dossier. " Cela dépend évidemment de la célérité des juges ", a-t-il souligné.
" Bernard Tapie pouvait légitimement espérer être relaxé du chef de corruption ", a encore déclaré Me Liénard. Il espère que le Cour de cassation ~ jugera le dossier et non le personnage Tapie ", a-t-il ajouté.
" Si j'ai pu faire un faux témoignage, je n'ai jamais suborné voire tenté de suborner mon ancienne attachée parlementaire ", a affimmé Jacques Mellick, hier, dans son communiqué.
" Nous avons le sentiment que ce ne sont pas les faits, mais bien plutôt ma personnalité qui a été jugée ", a-t-il ajouté.