Edito

LE PIÈGE SOCIAL

L es manifestations se suivent et se ressemblent, méme si elles drainent des mécontentements différents.

Le plus inquiétant est que chaque jour la crise devient plus politique que sociale.

La méthode Juppé tourne à la provocation. Le Premier ministre a choisi de faire passer des réformes en force. Il reste sourd à la contestation, s'entête contre vents et marées.

ll a beau répéter que sa politique va dans le bon sens, il ne convainc que lui. S'il a des qualités, il lui manque à coup sûr celle de communicateur. Entre lui et l'opinion le courant ne passe pas. Tout simplement parce que l'homme de la rue a un sentiment d'injustice.

Tout le monde est d'accord sur le constat, que ce soit sur la Sécurité Sociale, où chacun est conscient qu'il y a des abus, des gaspillages, des dysfonctionnements qui entretiennent le fameux "trou".

ll y a beaucoup d'incohérences dans la politique du Premier ministre. Elle sous-estime, à l'évidence, la capacité de refus des Francais. Or, il a besoin de leur confiance, au moment même où, comme en témoignent les sondages, sa cote de popularité est toujours au plus bas.

La grève des cheminots s'annonce particulièrement dure, porteuse de contagion. Le conflit pourrait très vite gagner d'autres secteurs.

De tout temps, les hommes du rail ont donné l'exemple de la lutte revendicative. Jusqu'à en devenir le symbole.

Compte tenu des enjeux, il est à craindre que ne s'installe une guerre de tranchées, à moins que le Premier ministre ne cède du terrain. Mais le peutil, sans risquer de voir d'autres catégories sociales formuler la même exigence?

La marge de manoeuvre d'Alain Juppé est plus qu'étroite. C'est un véritable piège qui se referme sur lui. D'autant que d'autres épreuves l'attendent. Ne seraitce que celle des étudiants avec laquelle il doit compter.